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Instaurée par l'ANI du 11 janvier 2008 sur la modernisation du marché du travail, puis codifié aux articles L. 1237-11 et suivants du Code du travail, la rupture conventionnelle voit son régime se préciser au fil des arrêts rendus par la Cour de cassation. Sur l'existence d'un conflit entre les parties, la loi est muette. La validité de la rupture conventionnelle est-elle remise en cause dans une telle situation ? Cela est-il constitutif d'un vice du consentement ? La Cour de cassation tranche ces questions dans un arrêt du 23 mai 2013.
Le régime de la rupture conventionnelle
La rupture conventionnelle permet à l'employeur et au salarié de rompre le contrat de travail par accord.
Les parties se mettent d'accord sur le principe de la rupture, ainsi que sur ses modalités (la date de la rupture et le montant de l'indemnité de rupture) au cours d'un ou plusieurs entretiens.
Les possibilités de contestation d'une rupture conventionnelle sont considérablement réduites par rapport au licenciement, puisque c'est quasi-exclusivement sur le terrain des vices du consentement que le salarié pourra contester la validité de la rupture conventionnelle. Mais une telle preuve est difficile à apporter.
L'existence d'un différend entre les parties
Quelles sont les conséquences de l'existence d'un différend entre les parties ? La validité de la rupture conventionnelle est-elle remise en cause ?
La Chambre sociale de la Cour de cassation apporte une réponse négative à cette question, dans un arrêt du 23 mai 2013.
Cela signifie deux choses : le fait qu'il existe un conflit entre les parties n'est pas constitutif d'un vice du consentement, et l'existence d'un différend entre les parties n'affecte pas, en elle-même, la validité de la convention de rupture.
De cette manière, la cour de cassation a voulu ne pas ajouter une condition qui n'était prévue ni par l'ANI ni par la loi, et a voulu rendre possible le recours à une rupture conventionnelle pour régler un conflit entre un employeur et son salarié.
La limite : la violence morale
L'existence d'un litige entre les parties n'est, certes, pas constitutif d'un vice du consentement. Toutefois, l'arrêt de la Cour de cassation précise que si le litige est à l'origine de pressions ou de menaces dont le but est de contraindre le salarié à conclure la convention de rupture, celle-ci pourra être annulée en raison de vice du consentement.
La limite au conflit entre les parties est donc la violence morale, mais la Cour de Cassation dans l'arrêt ne se prononce pas sur cette violence en question, et laisse le soin aux juges du fond d'apprécier l'existence ou non du libre consentement du salarié.
En l'espèce, l’employeur avait menacé la salariée de voir ternir la poursuite de son parcours professionnel en raison des erreurs et manquements de sa part justifiant un licenciement et l’avait incitée, par une pression, à choisir la voie de la rupture conventionnelle.
Conclusion
Une rupture conventionnelle peut être conclue dans une situation conflictuelle ou litigieuse. Cette situation ne fait pas en elle-même obstacle à la validité de la convention de rupture.
Cependant, en cas de violence morale exercée à l'encontre du salarié, l'annulation de la rupture conventionnelle pourra être prononcée par les juges du fond si ces derniers estiment que le consentement du salarié a été vicié.